Le prisme du féminin : machine, ovocytes, fils, potions
Exposition
Communiqué
L’exposition “Le prisme du féminin”, thème général de la seizième édition de Drawing Now art fair, est un regard genré sur le dessin contemporain, à travers des pratiques attribuées aux femmes, ainsi que les domaines où les femmes ont eu une contribution cruciale, bien qu’invisible, comme la technologie.
Par exemple, l’invention de l’ordinateur est souvent créditée à Charles Babbage, oblitérant le rôle de la mathématicienne Ada Lovelace, qui, fascinée par la technique des cartes perforées des métiers à tisser mécanisés par Joseph Marie Jacquard, a développé un proto-ordinateur, devenant ainsi la première programmeuse de l’histoire. Cette relation inattendue entre textiles et trames digitales, un travail de la grille et de la ligne, évoque les savoirs traditionnellement féminins. Par ailleurs, le corps de la femme est souvent l’objet d’idéations relatives à sa sexualité et à l’enfantement.
Inviter Sarah Tritz (née à Paris en 1980), Antoine Medes (né à Mont-Saint-Aignan en 1994) et Louise Aleksiejew (née à Caen en 1994) à réagir par rapport à ce thème signifie ouvrir l’espace d’exposition à des générations différentes d’artistes qui ainsi enrichissent un féminisme restant parfois hétéronormé ou académique. Un regard queer, ou féministe de cinquième génération est donc à l’œuvre ici pour produire une exposition qui émane d’échanges de points de vue et d’identités fluides qui se repensent et se réorganisent.
Le dessin est une image construite, un regard porté sur l’autre et sur le monde, souvent avec un rapport d’autorité entre celui qui évalue et celle qui est évaluée, ou même valorisée selon des paramètres qui lui sont étrangers. Que devient le dessin lorsque le regard de l’artiste ne s’aligne pas avec les objets d’intérêt d’une iconographie patriarcale ? Et que devient cette vie repensée ?
Nous avons donc décidé ensemble que l’espace d’exposition serait une sorte de Drag de l’espace domestique, considéré comme espace de pouvoir de la femme par la plupart des cultures capitalistes – un espace déliré et déconstruit, cassant cette idée d’un pouvoir revenant aux femmes mais aussi aux identités sexuelles minoritaires uniquement dans une sphère privée et donc limitée.
Joana P.R Neves, commissaire de l’exposition