« Dans de solennelles et profondes régions intermédiaires, on voit les grandes étoiles d’une nuit de printemps »
Actualité d'artiste
Communiqué
Extrait de l’entretien de François Réau avec Damien Sausset en décembre 2023.
Damien Sausset : « Comment s’est effectué le choix du titre de l’exposition issu des poésies de Rilke ? »
François Réau : « Je lis toujours de la poésie en parallèle de mon travail. Pour cette exposition, j’avais envie de convoquer une œuvre littéraire ou poétique. Pour moi, la poésie apporte de l’indéterminé. Nous avons pour habitude de nommer les choses. Or, la poésie déploie un champ où les choses peuvent paraître très précises en matière de sensation. Les mots apportent des ouvertures, des glissements. Et cela peut parler à tout le monde puisque l’on touche là à des choses universelles. C’est ce que je voulais convoquer. Le titre est toujours important pour moi car c’est la première impression que l’on a d’une exposition. Le titre ne précède pas la réalisation mais s’impose dans le processus de création. C’est concomitant. Il n’y a pas de chronologie. Et je parle à dessein de chronologie car le temps est essentiel dans mon travail. Il y a comme des boucles. Je lis des choses et des projets surgissent. En fait, le titre était peut- être déjà là sans que je le sache. Lorsque j’amorce un projet, cela peut me faire penser à un poème que j’ai lu, puis m’entraîner vers un autre. C’est sans fin. Dans le cadre de cette exposition, j’ai commencé par les dessins sans avoir la moindre idée du titre. Je voulais être dans le faire, avec l’envie d’être dans le temps, exactement le temps d’une seconde. J’ai donc décomposé mon intervention en vingt-quatre images, vingt-quatre dessins, comme pour parler d’un temps rapide, une seconde, mais dans lequel pourraient se déployer une autre narration plus longue et un temps plus long.
© François Réau