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FIGURES DE PENSɉES. DENKBEWEGUNGEN

Actualité d'artiste

Nikolaus Gansterer Figures de pensee
Nikolaus Gansterer Figures de pensee

Du 25 septembre au 2 janvier 2022

Commissariat Klaus Speidel

Les Tanneries

234 rue des ponts 45200 AMILLY

0238852850

AUTOUR DE L’EXPOSITION

>> le 25 septembre 2021, de 16h30 à 17h30
Conversation publique avec Martine Aballéa, Élodie Lesourd, Nikolaus Gansterer et Klaus Speidel dans le cadre du lancement de la saison #6
et de l’inauguration des expositions de son premier cycle.

>> les 6 novembre et 4 décembre 2021
Ateliers en famille autour de l’exposition.

>> publication à venir
La contrainte du report de l’exposition depuis sa programmation initiale au printemps 2020 — liée aux divers changements de calendrier induits par la crise sanitaire — a fait naître l’enjeu d’un nouveau développement proposé aux artistes, invités à considérer leur projet dans une phase de recherche et d’étude étendue. Ainsi, le projet Figures de pensée trouvera-t-il une forme d’expression complémentaire dans le cadre d’un projet éditorial en cours d’élaboration.

>> Plus d’informations sur : https://www.lestanneries.fr/agenda/

Communiqué

« Le langage est un labyrinthe de chemins. tel endroit par un certain côté, et on s’y retrouve ; on arrive au même endroit par un autre côté, et on ne s’y retrouve plus. » Ludwig Wittgenstein, Recherches philosophiques, § 203

 

Pour leur exposition aux Tanneries intitulée Figures de pensée / Denkbewegungen, Nikolaus Gansterer et Klaus Speidel (respectivement nés en 1974 et 1979 en Autriche et en Allemagne, vivent et travaillent à Vienne) investissent la Galerie Haute comme on pourrait le faire d’un terrain de jeu afin de rendre compte du dialogue philosophique et plastique qu’ils entretiennent depuis maintenant deux ans autour de leurs lectures croisées du philosophe autrichien Ludwig Wittgenstein (1889-1951) dont les réflexions apparaissent d’ailleurs, çà et là, au sein même de l’espace de l’exposition.

Dans ce projet travaillé en duo, l’artiste et le philosophe et critique d’art (re)mettent en relation des œuvres de Nikolaus Gansterer – que celles-ci soient inédites, passées ou qu’elles renouvellent le travail de séries antérieures – avec des œuvres conçues ensemble pour l’occasion, et ce à travers le développement d’une pensée non-linéaire intrinsèquement plurielle et de ses (trans)figurations esthétiques.

Partageant tour à tour les rôles de l’artiste et du commissaire, les deux chercheurs s’amusent avec sérieux à dissoudre bien plus qu’à résoudre des problèmes philosophiques au contact d’expérimentations poétiques. Nikolaus Gansterer et Klaus Speidel questionnent ainsi plus largement les limites des langages écrits comme parlés au sein de mises en œuvres qui sont autant de mises à l’épreuve à travers lesquelles la pensée se trouve transformée en une véritable matière dont le potentiel esthétique s’exprime en une variation infinie de figures et de sens.

Parmi ces derniers, celui de la visite n’est donc ni donné ni imposé. Bien qu’apposé sur une cimaise qui fait directement face à l’entrée de l’exposition, le Sens de la visite (2007-2021) demeure en effet à construire. À l’instar des deux chercheurs, le visiteur est d’emblée invité à se perdre en conjectures – tout autant qu’à se (re)trouver – au sein d’un espace d’exposition modulaire travaillé en constellations, desquelles émergent une myriade de figures de pensée qui sont autant de tentatives de faire bouger les lignes de la perception comme de la réflexion et d’en explorer les interstices.

Pour ce faire, Nikolaus Gansterer et Klaus Speidel transforment l’art en un véritable appareil critique au sein duquel les hypothèses se dessinent (Drawing a Hypothesis, 2012), les instruments sont à dess(e)ins (Untitled Drawing Instrument, 2013), les graphiques et autres diagrammes sont utilisés pour rendre compte de la réalité de figures choré-graphiques (Choreo-graphic Figures Diagrams, 2019) et les couleurs échantillonnées en fonction des souvenirs ou des émotions qu’elles ravivent (Colour Field Studies, 2019-2021).

À la faveur d’une esthétique de l’effacement, du flou et de la nuance, teintée d’évanescence, Nikolaus Gansterer et Klaus Speidel donnent à voir des expériences plastiques et sensibles au sein desquelles dessins, écrits, installations performées, vidéos et objets sont apparentés pour mieux en éprouver les usages et valeurs.

Profondément polymorphes et polysémiques, leurs mises en relation génèrent, d’un support à l’autre, d’un médium à l’autre, des glissements et interpénétrations, des transpositions et interprétations, des (re)mises en contexte et (dé)multiplications de points de vue, qui permettent aux deux créateurs comme au visiteur de (se) figurer une pensée en mouvement, entre philosophie et art, nature et culture, littéralités et métaphores, raison et imagination, prosaïsme et poésie, ordinaire et extraordinaire, physique et métaphysique, processus et résultat, coulisses et (mises en) scène.

La part interprétative laissée au visiteur est donc grande et les figures de pensées ainsi déployées sont d’ailleurs parfois plus directement imprégnées du travail collaboratif auquel ce dernier est convié. C’est le cas, en amont même du temps de l’exposition, dans l’installation Collection of Rods (2021) qui offre à voir les résultats différenciés d’un appel à l’imaginaire lancé auprès du grand public à partir d’une même observation de départ tirée des Recherches philosophiques1. Les nouvelles occurrences de la série « Objects Yet to Become » de Nikolaus Gansterer sont, quant à elles, tout conceptuellement ouvertes à la collaboration en aval du visiteur, régénérant sur le temps de l’exposition leurs injonctions à réaliser des expériences insolites au contact de la logique wittgensteinienne.

À l’image des pensées qu’elle tente de figurer, l’exposition semble littéralement prise dans son propre mouvement, entre pêches aux lignes (Collection of Rods, 2021) comme aux destins (Fig. 16/2b (Fishing for Futures with Whitehead), 2017), apparitions et disparitions, visibilités et invisibilités, effacements et épiphanies. L’ouverture des sens que Nikolaus Gansterer et Klaus Speidel travaillent au fil d’une poésie de l’hétérogène rend toute tentative d’indexation impossible – ou du moins questionnable – et souligne les conditions d’émergence de l’œuvre d’art à partir d’existants divers. À force de prises en filature et d’exercices d’agilité – d’esprit, de gestes et de regards –, il semblerait finalement que – au-delà et en-deçà des langages comme des usages – se dessine progressivement une forme de parti pris des choses dans les expressions ludiques d’un sens constamment renouvelé.